Etape de transition. Le soleil du petit matin m'a juste permis de charger la moto au sec. nouvelles contorsions pour enfiler la combinaison de pluie et hop, c'est parti pour la ville de Bodø, 140 km et 2 h de route. On retrouve les mêmes paysages qu'à la montée sur l'autre versant mais la vallée est plus large et permet la descente en parallèle d'une rivière de moins en moins tumultueuse, de la route et d'une ligne de chemin de fer. Etant moins accidentée, la limitation sur route passe à 90 km/h, en général c'est 80. Une jolie bourgade où je fais le plein montre fièrement ses parterres de fleurs, il y a des tulipes partout, deux mois après nous. Inutile de vous dire que je n'ai fait aucun arrêt photo. La gentille dame de l'hôtel m'avait conseillé une autre route plus touristique mais quand j'ai vu la pluie, j'ai choisi la solution la plus rapide.

Bodø est une ville importante, port de marchandises, de pêche et ferries ; des constructions traditionnelles en bois côtoient de nouvelles en béton et en verre même. En arrivant, j'aperçois un magasin BMW motos, je m'y arrête pour voir s'ils ont des sur-bottes. Après avoir expliqué au vendeur, il me sort des sur-gants, sur le sachet est écrit gloves. Je lui dis alors "gloves for feet !" et lui montre mes bottes.Il finit par trouver quelque chose et j'avoue que ça me paraît mieux que ce que j'ai laissé à Angers, la semelle, uniquement sur la partie avant ressemble à de la toile émeri , la partie arrière est vide et mon talon de botte peut se poser sans risquer la glissade. Merci à Gilles pour le conseil.

Traversée de 4 h mouvementée, tout bouge, la mer est formée. De mon fauteuil parfois j'aperçois l'horizon, parfois que le ciel, parfois que la mer. L'odeur de cuisine qui chauffe depuis que nous sommes partis ne semble gêner aucun des passagers, sauf peut-être un monsieur qui passera tout le voyage dehors sur une chaise fixe à l'abri d'une paroi.

Arrivée aux Lofoten à 20 h. Un peu fantastique tout de même, du monde qui se croise, entre ceux qui sortent et ceux qui attendent de monter, des travaux et des graviers partout, ce que n'aime pas le motard que je suis, des montagnes qu'on devine très proches mais que les nuages absorbent entièrement, une atmosphère de bout du monde encore accentuée par cette odeur qui vous envahit de suite de poisson, de phoque, de mer et par le fait que j'ai choisi le village le plus reculé au sud-ouest de l'île, j'ai nommé Å. Village de pêcheurs, des têtes de morues qui sèchent un peu partout sur leurs étendoirs en plein air, la mention "cod" au menu des restaurants c'est ça, c'est la morue. Mais passons, je veux trouver mon hôtel, Salteriet Hostel, toutes les maisons de bois rouge se ressemblent, c'est d'ailleurs ce à quoi je m'attendais mais il est tard et je voudrais me poser. Je demande, on finit par m'indiquer. Je me retrouve dans un hangar humide qui doit servir au nettoyage du poisson, c'est pas possible autrement. Un barbu qui répond à mon appel n'a pas l'air de connaître non plus. Je lui fait voir mon papier, au cas où mon accent ne lui revienne pas, et il me montre à 10 m l'entrée dudit Salteriet Hostel, juste au dessus de son hangar. Mais la réception n'est pas là, là ce ne sont que les chambres. Il me faut aller au restaurant d'en face et le patron finit par arriver au bout de...15 min. En fait tout est naturel, pas de stress inutile, il me donne la clé, je décharge enfin et sors de suite faire quelques photos. je retourne au restaurant et dîne d'une soupe de poissons, très bonne et très bien présentée, et de fromage "local" comme indiqué sur le menu, c'est du bleu fait en Norvège, un fromage sec de Chypre je crois et de Féta grecque, mais une confiture d'oignons, des raisins et des tomates cerises. Moment très agréable en tout cas et un personnel charmant toujours prêt à vous aider. Encore une ou deux photos des pilotis et je rentre, il est 22h45.

Je n'ai pas le temps de vous décrire tout ce que je vois car je tombe de sommeil.

Demain, je traverse les Lofoten, le nom me fait rêver depuis bien longtemps et c'est, paraît-il, si beau...quand il y a du soleil. Je verrai demain. Ou pas.