Ayant ouvert l'oeil à 4h30, j'ai terminé l'article débuté hier soir tard. Puis comme je ne voulais pas attendre le petit-déj de 8h, je me suis préparé, spartiatement, toilette au lavabo, rangement des affaires, toujours dans le même ordre finalement pour éviter un oubli, juste pris un verre d'eau et une barre de céréales et je charge la machine, à nouveau trempée. La météo n'est pas bonne mais tout de suite c'est gris et sans pluie. Je mets en route à 6h50 et pendant la première demi heure parcours...14 km pour pouvoir faire les photos. Après ce ne sera plus possible, il va pleuvoir tout du long. Une escale à Svolvaer pour marcher un peu et trouver de quoi manger et un café chaud. Je trouve le tout dans une boulangerie qui, comme le font les nôtres de plus en plus, offre une restauration assez complète, j'ai même eu droit à un jus d'orange pressé. Quelques photos à l'abri d'un haut-vent ou d'une avancée et je me rhabille pour affronter la suite de l'étape. Des français du Sud qui passaient là, et à qui je devais faire peine à voir, m'ont bien encouragé et donné rendez-vous dimanche au cap Nord.

Aujourd'hui j'ai parcouru 338 km en 6h30.

Quelques photos le montrent, les Lofoten sont un groupe d'îles abritant des petits villages de pêcheurs, au bord d'une crique accueillante et entre des pics rocheux, des montagnes qui tombent vraiment dans la mer. Je l'ai surtout vu dans le sud-ouest et au centre mais ensuite ce sont des campagnes cultivées, des fermes, des maisons résidentielles, et ce n'est pas vraiment vide. Il y a évidemment de l'eau partout, mer et sources, cascades et neige encore accrochée dans les failles de la montagne, des tunnels encore et toujours en Norvège, et des ponts que j'ai trouvés plus impressionnants que ceux réputés de la route de l'Atlantique, à l'étape n°7. Ce me semble le paradis rêvé pour qui veut faire des randonnées, de la montage, des balades en mer... Et pourquoi pas de la baignade car j'ai vu une plage de sable fin et presque blanc et la mer était turquoise, vrai de vrai. Sur une petite crique avant Svolvaer, au nord de la langue de terre. Il manque évidement la température mais cela faisait carte postale.

Ces montagnes qui sortent de la mer m'ont fait penser sur la moto à un combat que ce seraient livrés de gigantesques stégosaures et qu'une Gorgone encore plus supérieure aurait d'abord pétrifiés et puis engloutis ; mais l'eau n'a pas suffi à les recouvrir entièrement, dépassent encore bien des plaques qu'ils avaient sur le dos.

C'est très vert, mais vous l'aurez compris c'est arrosé, et en ce début d'été, en ce solstice même, il ne faisait que 12° au thermomètre de la moto. En regardant autour de moi, j'ai pu chanter le Connemara "...les lacs, les rivières..." , d'ailleurs certaines vallées peuvent faire penser à l'Irlande, et puis made in Normandie "...les vaches rouges, blanches et noires, sur lesquelles tombe la pluie..." . Mais il y avait aussi des moutons qui traversent quand ils veulent. J'ai revu des hirondelles qui rasaient la surface des petits lacs ; les mouettes et goélands n'en parlons pas ; des espèces de corbeaux ou choucas, tête noire, ailes noires, queue noire, mais dos et ventre gris, ça fait très classe je trouve ; un oiseau marin je crois, un vol vif et très rapide qui m'empêche de distinguer si les pieds sont palmés ou pas, taille d'un corbeau, la tête élégante, noire avec un bec orange pointu de 4 à 5 cm, ailes noires et épaules noires, sur le dos ça lui fait un triangle blanc, la queue blanche mais le bout des plumes noir. Si j'ai le temps de chercher sinon Olivier, Fred...?

Je suis arrivé trempé et j'ai tout mis à sécher comme j'ai pu ; même sous la combinaison, la veste de moto est mouillée, le pantalon pareil, le slip ; les chaussettes le furent moins grâce aux sur-bottes. Mais il sera dit que le thème cette année est " l'eau en Scandinavie ". J'espère que tout sera sec demain. La dame de l'hôtel que je questionnais sur la météo me l'a donnée très menaçante et pour le week-end pareil.

Demain, c'est ma plus longue étape norvégienne, 470 km normalement, alors prions ou croisons les doigts ou prions les doigts croisés.

Sinon je suis là où je voulais être donc tout baigne ! Aie, aie, aie ! D'autres sont bien plus méritants : hier sur le ferry, j'ai remarqué un cycliste, un allemand, et en discutant un peu il m'a avoué être parti de Hambourg pour le cap Nord, à vélo et seul lui aussi. Je lui ai fait part de mon respect et ébahissement mais il m'a dit avoir déjà fait Hambourg - Istanbul. N'empêche qu'avec ce temps, il faut s'accrocher.

Merci à toutes celles et ceux qui ont laissé un ou des messages, je les lis tous et tente de répondre à tous mais cela me convainc que je ne suis pas seul sur la moto !