Ce lundi 25 juin, j’attaque ma troisième semaine par un réveil matinal. Douche à 5 h, chaude, 12 min - ça fonctionne par pièce, 6 min pour 10 NOK. Un régal après le froid de la veille. Le temps de faire les bagages et de les charger, de faire le ménage rapide du hytte, il est 6 h 15 quand je pars, sans même avoir déjeuné. 

L’avantage du jour continu, c’est qu’on n’a plus besoin d’attendre qu’il se lève.


Par précaution et malgré Jasmine, je prends de l’essence de suite, à 7 km ; c’est de là que j’ai vu le bateau quitter le port d’Honninsvag. Je dois redescendre la route qui m’a emmené samedi, les mêmes falaises, les mêmes tunnels, les mêmes fjords. Il n’y a personne mais je ne roule pas vite, je me mets un maximum d’images en tête, tant que ma mémoire fonctionne je stocke. Et puis il ne pleut plus, pas de combinaison aujourd’hui, un motard élégant ! Il y a même du soleil par endroit. Vers 8 h, je trouve à Olderfjord, un café où je petit-déjeune copieusement de façon à tenir jusqu’au soir. Cette partie de la Norvège est moins touristique que le Cap Nord, très peu de voitures, encore moins de camions et pas plus de villages, c’est un plaisir de conduire. Je longe encore un fjord très long où j’aperçois les rennes des photos, mais c’est un coup de chance car depuis un moment je regardais les rochers à marée basse, que je trouvais jolis, quand j’ai cru voir bouger l’un d’eux !?. 

La route défile dans la forêt retrouvée, à perte de vue. A peine est-on descendu en latitude que la végétation reprend. Pas loin de la frontière avec la Finlande, un panneau nous indique que nous sommes au Lapland, la Laponie, au pays des Samis, il y a même un musée mais je sais qu’un autre m’attend à l’arrivée.

J’entre en Finlande sans aucune formalité, un poste de douane désert, juste baigné par le soleil.

La température a bien augmenté depuis hier, on doit tourner autour de 17 ou 18°. Il y a moins de vent ici, on est plus à l'intérieur des terres. Et la forêt est encore plus vaste qu’en Norvège, les 80 derniers km, je n’ai vu aucune ville, que des arbres. A ce propos, je trouve les limitations de vitesse et la signalisation judicieuses en Finlande : quand il y a danger potentiel, la vitesse descend à 70 km/h, 60, 50 et même 30 km/h mais sinon, sur une route normale, elle est de 100 km/h. Et là, vous vous dites que j’ai dû m’en donner à coeur joie, sauf que, une fois entré en Finlande, pas de village signifie pas de pompe à essence ; j’avais déjà fait 270 km et en général je fais le plein à ce moment là ou même avant pour justement ne pas être surpris ; il me restait 80 km à parcourir, je les ai faits piano, doucement, souplement et suis arrivé à Inari sans problème. L’étape a compté 360 km et mon plein a duré 353 km pour 13,95 L, ce qui fait du 3,95 L aux 100 km. C’est bien.

Inari est donc la première ville depuis la frontière, il y a du monde qui s’arrête. La réceptionniste est française ! Elle vit là depuis 4 ans mais a épousé un Finlandais. Un marrant, Inari que deux fois depuis qu’elle le connaît. C’est faux mais ça me fait rire, moi. Sur le parking, je vois des boîtiers et lui demande si ma moto ne va pas en gêner l’accès, elle me précise alors que ce sont des boîtiers électriques qui servent l’hiver ; une fois reliés à la voiture, ils alimentent une résistance qui réchauffe le moteur qui, par -30° C, casserait au démarrage. Une fois changé, je pars faire du tourisme et visiter le musée Sami. En quittant l’hôtel, j’aperçois un groupe de barbus en train de boire des bières sur la terrasse, à mon retour 2 h plus tard ils y seront toujours. 

Le musée Sami est très fourni, des pièces de la vie quotidienne et d’apparat, un historique solide, les différentes ethnies, les animaux de cette région, etc. On se rend compte qu’il y a pléthore de vies au nord du cercle polaire et qu’aussi bien chez les animaux que chez les hommes, tous ont dû développer des techniques judicieuses et perfectionner un savoir-faire indéniable pour s’acclimater. Si j’ai franchement du mal à comprendre le moindre mot, je pense qu’il n’est pas si difficile d’entrer en contact. On le dit souvent d’ailleurs, les Samis de mes amis sont mes Samis. 

La région étant moins balayée par le vent mais regorgeant d’eau, les moustiques s’en donnent à coeur joie, dehors. Ma chambre est climatisée et les fenêtres closes donc je devrai bien dormir, mais peu. Tout à l’heure, je me rends au restaurant pour dîner, à 19h comme plus ou moins prévu. Pas de place. Je propose de revenir d’ici une demi-heure, trois quarts d’heure et la dame me dit OK pour 20h45. A mon air étonné, elle me signale qu’il y a une heure de décalage avec la Norvège, et la France par la même occasion.


Il faut dire qu’effectivement je suis un peu plus… à l’est ; 27° E de longitude.