Mardi 26, 16 ème étape. Je traverse la Finlande jusqu’au golfe de Botnie, puis entrée en Suède, à Kalix. 480 km prévus au compteur et finalement 520 km en 7 h et 45 min.


Il existe un seul mot pour résumer cette étape, c’est forêt.

J’ai compté sans exagérer 450 km, à travers la forêt ! Je ne vais pas remettre des photos de la route mais imaginez la, la plupart du temps, déserte, bordée de pins, de bouleaux, redevenus de taille respectable. La descente en latitude a une influence très visible sur les plantes et la température, le thermomètre atteint les 20° et plus selon le soleil. Autant le dire de suite, je me suis régalé au niveau de la conduite. Par contre pour ce qui est de faire des photos, on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Quelques fleurs blanches tout de même parce qu’il y en avait plein au bord des fossés gorgés d’eau. Encore des rennes, il faut toujours anticiper le moindre mouvement sur la route quand on retrouve une vitesse conséquente, des maisons parce que je n’en ai pas prises beaucoup. Aujourd’hui, très très peu de villages ou de hameaux, j’ai vraiment fait des km seul, et libre. Au début architecture de Finlande et en arrivant j’ai mis en comparaison celle de Suède. 


Dès le départ, les motards, italiens pour la plupart, sur Aprilia, Ducati, Honda, un seul en BMW, tous ces grands garçons donc sont descendus par la voie principale, la E75, qui passe même à Rovaniemi, la ville du Père Noël, je le précise pour les enfants qui écoutent. Mais moi, j’en avais décidé autrement. Venu pour la nature, j’ai coupé à travers bois, c’est le cas de le dire ; sur la carte Michelin que les collègues de Janequin m’avaient fournie, il y a un liseré vert sur Ma route. Et bien c’est vrai que c’est…spécial. J’ai fait 107 km avant de voir une pompe à essence, tellement ancienne que je me demande encore si elle fonctionnait, puis 113 km à nouveau avant d’arriver à la ville de Kittilä et ses 4 stations-essence. Mais le plus beau c’est que la route, après ces 107 premiers km, disparaît ! Il n’y a plus de goudron, c’est de la terre battue et des graviers jetés dessus. J’ai cru au départ à des travaux mais aucun panneau ne les mentionnait. J’étais en fait sur une piste ! Et ça a duré 54 km ! 54km de piste pendant lesquels, je ne chantais plus, l’oeil fixé sur mon sillon comme le laboureur, le levant de temps à autre pour fixer le cap. 54 km pendant lesquels j’ai vu 3 camping-cars et 2 voitures. A un moment, je me suis arrêté pour tenter de faire le point, Jasmine ne sachant plus où elle était, avec la carte et le gps du smartphone. Inutile de vous dire que lorsqu’on s’arrête ainsi sur une piste, au milieu d’une forêt, le silence est total et le motard solitaire se dit qu’il est peut-être un peu gonflé. J’ai décidé de poursuivre. La piste pour Kittilä tournait à gauche et je retrouvais le goudron mais celle qui continuait tout droit restait en terre. Après cela évidemment j’ai accéléré. J’ai longé la rive gauche du fleuve Torne, je crois, qui sert de frontière entre Suède et Finlande, un ancien poste frontière de chaque côté du pont. Dès le passage du pont je tombe sur un magasin…Ikea et toute une zone commerciale. Ma liberté en prend un coup. Je n’ai vu aucun radar en Finlande alors qu’en arrivant en Suède, sur une cinquantaine de km que j’avais à faire j’en ai trouvé 4 ! Encore quelques bois en bordure des routes mais ici on installe un grillage, un peu comme sur nos autoroutes. 

Bon j’arrive à Kalix et trouve mon hôtel…en travaux, voir photo mais il reste ouvert, ouf ! Installé et changé, polo et bermuda, alors que dimanche…, mais un petit pull au cas où, je vais faire un tour dans les environs et je tombe sur une ravissante église du XVè, j’entre pour écouter une répétition d’un pianiste accompagnant un violoniste, belle acoustique. Je continue dans le quartier et découvre d’autres types de maisons de bois. Une suédoise, belle évidemment, sort de l’une d’elles, je m’approche pour lui demander si on peut visiter ce qui semble être un jardin public mais elle me dit « private ». Je n’insiste pas mais je me présente :  

  • « François », lui dis-je.
  • Elle : « Adèle »

Et comme elle avait un doux regard bleu, j’en conclus que l’Adèle de Kalix a des yeux de velours !



Des effluves de cuisine me parviennent, il est temps de m’habiller.