Kalix, dans l’hôtel en travaux, ces derniers démarrent à 7h. J’ai fini de déjeuner pendant le concert des instruments à percussion des menuisiers. Départ 8h, le soleil est déjà haut, une vraie belle journée s’annonce ; j’ai mis les bottes d’été, les gants d’été et rangé la doublure de la veste-moto. Je vais longer le golfe de Botnie jusqu’à une petite ville, Bjästa. La Suède, sur sa côte Est, a un relief bien moins accidenté que la Norvège, les routes y sont donc plus droites et plus larges. En fait sur les 482 km, la plupart du temps c’est une route à 3 voies, parfois 4 voies, et quand-même 2 voies à l’approche d’une ville. La 3 voies est bien pensée, il y a en alternance 2 voies d’un côté qui permettent les dépassements, pendant qu’en face ils n’en ont qu’une, et puis au bout d’une longueur à peu près constante, les 2 voies passent à une et en face c’est le contraire. Mais en tous les cas on est toujours à 110 km/h, sur une ou deux voies. Ainsi donc j’avançais vite, mais ne voyais pas grand-chose et arrêt-photo impossible. J’ai donc décidé, puisqu’il faisait beau de m’écarter de temps à autre pour voir la côte. 

Un premier arrêt à Luleå, voir les quelques photos, mais rien de vraiment d’extraordinaire, un marché où j’ai fait la connaissance d’une polonaise en peau de renne. Je lui ai dit au revoir en polonais, souvenir de mon enfance dans le Pas-de-Calais.

Le second arrêt était plus joli, Piteå, des bâtiments typiques en bois, une place centrale et une rue piétonne très exotiques, des gens calmes et souriants et toujours ce soleil radieux.

Mais je n’avais fait que 138 km et j’étais parti depuis 5 h déjà. Je me suis donc secouer pour faire le reste. Lors d’un arrêt au bord de la route, j’ai pu apercevoir l’oiseau au long bec mais toujours pas d’élan. 


Je trouve mon hôtel vers 16 h mais trouve aussi porte close. Personne sur le parking non plus. J’appelle le n° indiqué sur la porte et évidemment je tombe sur un répondeur en suédois. Il y a bien une pancarte avec trois drapeaux, un suédois, un allemand et un anglais, avec à côté de chaque drapeau un n° de téléphone mais je constate que c’est trois fois le même n° ! J’attends un moment à l’ombre parce qu’il commence à faire chaud sous le blouson et je m’énerve. Je refais le n° pour entendre à nouveau le même message. Je décide d’aller plus loin, de trouver la ville et de demander à quelqu’un de me traduire. Je démarre alors qu'une une voiture arrive. Des gens qui avaient réservé eux-aussi mais Suédois, yes ! La dame écoute, me traduit qu’il faut appuyer sur une touche, puis une autre et rebelote, nouveau répondeur. Vers 16h45, la patronne arrive, tout sourire, se présente, et nous donne nos clés préparées sous enveloppe avec le code de la porte et celui du wifi. Ouf !

Hier je n’ai pas pu manger et failli me faire surprendre car rien n’était ouvert, j’ai trouvé une pizzeria tenue par un Iranien et j’étais le seul client. Comme je ne comprenais rien aux différentes pizzas dont la composition était écrite en suédois, il me montrait à chaque fois les ingrédients dont il s’agissait. J’ai pris moules, vraiment gonflé, fromage, jambon et évidement tomate. Bof ! Aujourd'hui j’ai donc devancé et après que l’hôtesse m’a répondu qu’elle ne servait pas le soir, je lui ai demandé où je pouvais aller. Sur le port me dit-elle, à 8 km. Je m’y rends de suite, il est 17h30. Je trouve ce dont elle parlait et entre. Le patron, assis dans un fauteuil regarde Suède-Mexique à la télé et exulte parce que la Suède mène 3 à 0. Je demande si je peux manger et quand il me présente le menu, il se ravise et me montre fièrement les photos de ses plats sur son smartphone. Chouette, je prends un fish&ships, fish du golfe à côté dit-il. En attendant j’ai droit à me servir en salade, crudité, pain suédois et café si je veux. Il me donne une revue sur ce qu’il y a à faire comme excursion dans la région. Accueil sympathique. Peu de gens et on sent que ceux qui sont là viennent passer un peu de temps ou attendre un passager que le bateau qui relie les îles toutes proches vient déposer régulièrement. En partant, il me présente sa femme en laquelle je reconnais la patronne de l’hôtel qui était revenue entre temps, une fois donnée la clé aux clients qu’elle attendait. Je lui dis en souriant que je comprends qu’elle m’ait indiqué le coin mais que je suis ravi parce que c’était très bon et alors elle et lui le semblent aussi.

La région est quand-même très belle sous ce ciel bleu et les couleurs rivalisent, au sol tout est vert, seules les fleurs des près apportent un peu de blanc et de jaune, le rouge sombre des maisons dominent même si certaines tentent le blanc et l’ocre.

Je l’avais remarqué hier mais confirmé aujourd’hui, les Suédois semblent aimer les phares longue-portée, comme ceux qu’on voit sur les voitures de rallye. En général on en met deux mais eux y vont par trois, trois phares côte à côte qui dotent la calandre d’un pare-buffle de lumière ; faut dire que l’obscurité hivernale est coriace.

Ah oui, hier j’ai oublié de mentionner le bois. Le bois des forêts, on l’ utilise. Avant d’arriver à la fameuse piste, je suis stoppé par deux camions transportant des grumes, du pin exclusivement, l’un deux dans un virage a perdu le contrôle de sa remorque qui s’est retournée et a fini dans le fossé, les troncs éjectés et épars comme de grosses allumettes, non, pas suédoises puisque c’était encore en Finlande, qui seraient tombées de leur boîte. Un jeune balayait la route des morceaux d’écorce qui la jonchaient. En poursuivant, j’ai croisé deux autres camions qui roulaient à vide et qui venaient sans doute pour aider à tout relever. N’empêche que les routes fort agréables pour le motard restent cahotiques et délicates. En arrivant à Kittilå, j’ai vu la gare. Tous ces grumes attendent sur des wagons, ou en tas bien rangés à terre ; il y en avait sur au moins 500 m de distance. La grande majorité des maisons est en bois et Ikea est à côté… Ça s’explique.

Autre oubli, hier j’ai repassé le cercle polaire mais dans l’autre sens. Le jour ne dure plus 24 h. Je ne sais pas si je vais vérifier ça cette nuit.