Jeudi 28 juin. Le soleil m’a tiré du lit un peu avant 5 h, malgré le masque sur les yeux. Je m’octroie une grasse mat’ de 20 min et me lève.

La salle de bain ! Un rectangle de 1,20 m environ sur 1,60 m, un lavabo, un wc, une douche et une raclette. La plupart des salles de bains visitées depuis mon départ étaient à l’italienne, le sol incliné de façon que l’eau aille bien vers la bonde. Une fois seulement, l’eau a ruisselé un peu partout ; il y avait une raclette ! Ici, en plus, il y a un moins, la douche n’a pas de robinet direct, elle est reliée par un tuyau qui est branché sur le robinet du lavabo. Donc on règle la température de l’eau au lavabo, on tourne ensuite une manette pour que l’eau du lavabo aille à la douche, et ça fonctionne. Ça fonctionne trop vite parce qu’on n’a pas eu le temps de tirer le rideau accroché par des crochets, qui accrochent justement au lieu de glisser sur leur barre. Rideau fermé enfin, oui mais pas tout à fait parce que le porte-serviette trop grand empêche la fermeture dudit rideau et il y a ce foutu tuyau relié au lavabo situé…en diagonale. Je vais trouver une solution, je décroche la pomme de douche pour donner du jeu au tuyau et commence par me mouiller les pieds, à tout hasard, c’est trop chaud, faut rouvrir le rideau et tenter un nouveau réglage au lavabo en prenant soin de diriger la douche vers le bas, sur la bonde, pour ne pas en mettre partout. Une fois le réglage satisfaisant, au bout de 5 min, j’entreprends de me laver les cheveux. Y a des jours, on se demande ce qui vous passe par la tête. Toujours pour ne pas mettre de l’eau partout, je m’accroupis en tenant la pomme de douche dans la main gauche et tente à la main droite de poser le savon à terre pour saisir le shampoing. Le savon n’a pas le temps de se poser, c’est tout le bonhomme qui décolle pour se retrouver sur le dos, glissant jusqu’au lavabo, sans s’accrocher au rideau et en gardant en tête de faire couler la douche vers la bonde. Étant tout près du lavabo, je tente de stopper l’eau pour reprendre mon souffle et j’y parviens sans trop de mal. Mais où est passé le savon ? J’ouvre le rideau, le soulève, le secoue, comme si le savon avait pu rester accroché alors que tout glisse dans cette p… de salle, mais pas de savon. Je le retrouve au bout d’un bon moment coincé sous la buse d’évacuation des wc. 


Mais passons, j’ai vaincu la salle maudite et suis parti vers 7h30. M’étant arrêté hier, j’avais décidé pour cette étape de 445 km, et il m’aura fallu 6 h, de rouler sans arrêt, à part les pauses essence, pipi, et une seule photo, celle du pont.  

220 km en 2 heures ! Pour la 2ème heure ma vitesse moyenne affichait l’ âge atteint par Jeanne Calment. Plus je descendais vers le sud et plus je sentais la chaleur monter. Le thermomètre de la moto flirtait avec les 28°. Un désir de desserrer mon écharpe me vint, ce que je fis délicatement pour laisser entrer un peu d’air. Seulement, un serrage trop lâche, en roulant à 110-120 km/h, ne résiste pas aux turbulences, mon écharpe s’est complètement dénouée et je l’ai vue s’envoler sans que je puisse tenter le moindre mouvement pour la rattraper. 

C’était après la douche ma seconde déconvenue.


A 60 km de l’arrivée, vers 11h40, les 30° atteints, je sens quelque chose bouger dans mon dos ; sans me retourner, je suis sur autoroute quand même, je jette un oeil dans le rétro de droite et constate que ma combinaison de pluie que je fixe par un filet extensible au dessus du sac de selle donne des signes d’évasion. Les turbulences là aussi s’infiltrent partout et vous tire tout ce qu’elles peuvent. Il faut d’ailleurs tenir la moto fermement. Je décide de m’arrêter à la prochaine aire et de ralentir en attendant, mais d’aire il n’y en a point et je sens que ça ne tiendra pas longtemps. Je décide de m’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence mais contrairement aux nôtres, une voiture n’y tient pas, c’est trop étroit, une moto devrait le faire, je mets le clignotant et vais pour rétrograder. Pour les non-motards, on se sert du pied gauche pour descendre une manette. Mon pied appuie, mais dans le vide ! Je jette un oeil et ne vois plus la manette, plus de levier de vitesse ! Je me penche un peu plus pour constater qu’elle pendouille lamentablement. J’appuie en catastrophe sur les deux freins, me gare, descends sans relâcher l’embrayage pour ne pas caler et colle la moto au plus près de la barrière de façon que les poids-lourds ne me frôlent pas trop les fesses. Et là je coupe le contact et mets le warning. Pour la combinaison, ça ira mais la manette de vitesse flotte en 3 morceaux ; les turbulences, les km, la piste de 54 km, bref la vis qui maintient le tout est sortie entièrement de son logement ; le mécanisme semble pourtant entier, ouf ! Je tente de remettre ça dans l’ordre supposé, je serre à la main mais il me faut une clé Allen. J’en ai une évidemment, dans la trousse à outils évidemment, qui évidemment est…sous la selle, selle au dessus de

laquelle est fixé mon sac et le filet pour la combinaison. J’enlève le tout, prends la bonne clé, resserre le levier de vitesse, remets la selle, refixe le sac, et le filet de la combinaison, tout en peut-être un quart d’heure et quelques litres de sueur car je n’ai pas pensé à enlever le casque ni mon blouson et je peux vous dire qu’il fait aussi chaud sur les autoroutes suédoises, sans arbres, que sur les nôtres. 

Jamais deux sans trois dit-on, je me suis dis que je pouvais arriver tranquillement.


Uppsala, grosse université et des vélos. Une cathédrale du XIIIè-XVè en briques, c’est le siège de l’archevêché de Suède et c’est la plus grande église des pays nordiques. Bon mais pour le reste, Google est mon ami comme dit Gérard. C'est en tout cas une jolie ville, accueillante. Dans un des commentaires laissés par Sid, à propos d'un cimetière "accueillant" autour d'une église, ici tout un cimetière, immense, sert de parc de vie et d'espace vert au milieu de la ville, il y a sur un coin des jeux pour les enfants, et tout le monde le traverse, à pieds, à vélo, il y a même des bancs pour passer un moment de calme, avant l'autre repos. Ça ressemble à ces jardins japonais ; le gravier, ratissé méticuleusement, est préférable aux fleurs qui ne tiendraient pas l'hiver.

Je sais, par mon épouse adorée, le temps que vous avez en ce moment, mais Uppsala affichait les 30° aujourd’hui, tout le monde est en short, et certains se baladent torse nu.


La différence de température est tout de même frappante entre Nord et Sud dans cette région et entre Ouest et Est. En Norvège tout était vert, ici les pelouses jaunissent déjà et les blés sont presque mûrs, pourtant je suis quasiment à la latitude de Bergen.


Les Spaghettis à la bolonaise pris vers 14h et le cheese cake étaient peut-être de trop par ces températures, ce soir je fais léger, que des fruits !