Fin de la 3ème semaine avec cette étape, Odense- Brême, longue de seulement 350 km mais d’une durée de 9 h.

Pour éviter de reprendre dans l’autre sens la route empruntée lors de la 3ème étape où il n’y avait que de l’autoroute, j’ai demandé à Jasmine de me trouver le trajet le plus court. Je n’ai pas voulu changer par la suite mais Jasmine atteint rapidement ses limites ; bien-sûr elle ne pouvait pas prévoir les routes barrées par les travaux mais aller me faire passer dans des quartiers incongrus d’une ville, ou sur des routes si petites et cabossées qu’une voiture et une moto ont du mal à se croiser, elle exagère un peu quand-même ; demain, je reprends les commandes.

9 h, ça commence à faire car mine de rien tout travaille, la tête et les muscles.

Sinon, j’ai traversé le sud du Danemark et suis entré en Allemagne par la porte qu’est Flensburg. Les deux régions se ressemblent, les maisons sont maintenant de briques, les tuiles en terre cuite rouge cuivré mais aussi des tuiles vernissées souvent noires. D’autres gardent encore fièrement leur toit de chaume et c’est une réussite. 

Des régions agricoles et c’est vert partout ; cela continue en arrivant dans le Schleswig. J’ai traversé des villages paisibles, propres, où les cyclistes de tous âges, sur des engins à 2, 3 voire 4 roues n’ont pas à trop se soucier des voitures car il y a des pistes cyclables à peu près partout et sinon, les automobilistes sont habitués et anticipent parfaitement. Il faut dire que c’était dimanche et qu’il faisait très beau. Les gens sortent. Les promeneurs du dimanche vont pique-niquer, à la pêche, prendre le soleil et boire une verre, certains prennent leur voiture ancienne qui brille au soleil comme quand elle était neuve. Sur le bords des routes, on voit parfois une personne ou deux, ou des enfants, tenir un « comptoir », une table où sont exposées leurs productions, certains vendent des fraises, d’autres des cerises, d’autres des pommes de terre nouvelles. J’ai vu tout un tas de motards, très peu de solitaires mais des groupes, des bandes, la grande majorité se faisant signe ; à Flensburg, 4 d’entre eux pétaradaient en faisant prendre l’air non seulement à leur Harley mais aussi à leurs tatouages, ils roulaient bras nus et l’un d’eux ayant une grosse étoile à 5 branches à l’arrière du mollet allait en bermuda, la star !

Je me suis arrêté à Flensburg pour un clin d’oeil à Brigitte et Christiane mais c’est un bel endroit. Beaucoup de voiliers ce qui peut se comprendre mais aussi beaucoup de paires de chaussures pendues sur les fils électriques, voir photo, et là je n’ai pas eu le temps d’apprendre pourquoi.


Ce matin en prenant le ferry, encore une fois sans attendre du tout, j’étais d’ailleurs le dernier à embarquer, l’homme du pont me fait signe à l’aide de sa torche lumineuse. Etant expert en langue des signes danoise, je comprends que la sangle que j’utilise, la mienne, pour fixer la moto n’est pas réglementaire. Je range tout et attends. L’homme revient avec les méga-sangles. Il y a une masse de 8 à 10 kg qui se fixe sur le sol en activant un bras, un peu comme nos anciennes pompes à eau, est-ce aimanté, ventousé, je ne sais pas trop mais ça tient du tonnerre. Donc une masse de chaque côté et la sangle qui les relie que je resserre sur la moto. Au moment de repartir, je désinstalle moi-même ces fixations, remets casque et gants et le moteur en marche. Seulement le ferry n’est pas encore à l’arrêt, et ça bouge énormément. La béquille latérale, côté gauche donc, est un chouïa longue et la moto chargée comme elle est perd en stabilité. Je le sais. J’attends donc pied gauche posé à terre et pied droit sur le frein arrière et main droite sur le frein avant. Et bien ce qui aurait pu ne pas arriver arriva, un soubresaut du navire m’a littéralement projeté vers la droite et je n’ai pas pu rattraper la moto qui s’est renversée sur le flanc. Je coupe l’alimentation et le contact pendant que les gens des voitures à côté, plus affolés que moi, viennent de suite me donner un coup de main. 2 hommes et 2 femmes ; en 2 secondes la moto est à nouveau sur roues, il n’y a qu’à remette le rétro dans la bonne position et c’est reparti. Ces dames attentionnées, les messieurs aussi mais comme partout ils le font moins voir, me demandent si vraiment tout OK et semblent inquiètes de me voir remonter sur l’engin. Mais l’engin en a vu d’autres. A Angers, la Deauville est tombée 2 fois dans des manoeuvres de stationnement et une fois avec C… Ici, sur le ferry des Lofoten, j’étais garé à côté d’une Goldwin, la grosse moto de chez Honda, les connaisseurs vous diront que ça pèse dans les 350 à 370 kg, la mienne 250 kg. Ma moto était sanglée et je m’apprêtais à monter dans les étages du bateau mais le collègue en Goldwin avait du mal avec la sangle et remuait tant sa moto qu’il a fini pour la renverser sur la mienne, si si. La Deauville bien arrimée n’a ni bougé ni souffert mais on n’a pas été trop de deux pour mettre sa Gold sur béquille centrale et la sangler.


Brême n’a pas bougé depuis trois semaines, il fait juste plus de soleil. 

Mais par contre il va se coucher. Je m’habitue au retour de la nuit. Il me faut d’ailleurs récupérer un peu.