22 ème étape, l’antépénultième. 442 km couverts en 7 h. 

Il y a trois semaines quand je quittais Brême j’avais ajouté la combinaison pour la fraîcheur et l’humidité ambiante et je n’allais pas tarder à rencontrer des bouchons assez faramineux. Aujourd’hui, ce fut un plaisir de rouler. J’ai pris la route de l’Ouest, il faisait beau et doux, juste un T-shirt et un petit pull sous le blouson d’été. Dès la sortie j’ai pu observer les bouchons…dans l’autre sens. Sur des km, le nombre de gens qui travaillent ou passent par Brême est assurément important. Sur ma voie, quasiment personne. Un peu comme dans la pub pour le loto où tout le monde rentre de vacances et coince au péage d’autoroute alors que le millionnaire du loto part dans l’autre sens, seul et fredonnant. 

J’ai dit à Jasmine de me choisir le trajet le plus rapide, elle a choisi les autoroutes et quand je voulais voir une ville, je lui coupais la parole et quittais son itinéraire. J’ai donc traversé Oldenbourg et Leer en Allemagne et Groningue aux Pays-bas. Pour l’Allemagne, à nouveau, les villes sont agréables à traverser, vertes comme on aimerait qu'elles le soient toutes, les arbres sont partout, des allées de tilleuls ici, des avenues d’érables là, de l’herbe pour les terrains de jeux au beau milieu de la ville, des pistes cyclables respectables et respectées… A Groningue, je suis tout de même descendu pour deux photos ; pas d’erreur nous sommes déjà aux Pays-bas, les canaux en rappellent forcément d’autres et les vélos surpassent ceux d’Allemagne, j’ai vu énormément de jeunes ce matin, filles et garçons, étudiants ou lycéens, mais aussi des moins jeunes et des pas jeunes du tout, sur des vélos neufs et pas neufs du tout. Ça grouille de vie et j’avais envie de leur sourire même si freiner n’est pas dans leur habitude. 

Les pays-bas, comment vous dire, c’est…bas ! Plat ! Mais plat comme c’est pas permis ; faire du vélo là me semble plus aisé qu’au cap nord. Eoliennes, moulins, champs, vaches dans les prés avec parfois pour leur tenir compagnie des chevaux, des moutons de la volaille. J’ai vu aussi des oies sauvages qui semblaient estiver. Je suis passé ensuite par la digue longue de 32 km sur laquelle passe une autoroute et une large piste cyclable pour les mordus de bicyclette. A chaque entrée de cette digue jetée carrément sur la mer, un pont pivotant pour permettre le passage des bateaux, et donc parfois on attend, enfin quand on est en voiture puisqu’à moto on peut remonter la file jusqu’au début. Ce sont des petits plaisirs qui ne se refusent pas. A la sortie je me suis arrêté pour prendre de l’essence et grignoter. Pour l’essence pas de soucis, pour manger ce fut une autre affaire. L’autre jour au Danemark, j’ai remarqué une fille promenant son adorable pitbull et je m’étais fait la réflexion du mimétisme entre chien et maître. Aujourd’hui, le pitbull femelle qui était derrière le comptoir de victuailles ne faisait aucun effort, malgré les miens pour lui faire comprendre que j’avais faim. La « carte » entièrement en néerlandais, sauf hamburger que j‘ai compris. Bref, je lui montre pour en finir un sandwich, inconnu, derrière la vitre et elle me fait signe, je suis d’ailleurs un expert en langue des signes néerlandaise, de le prendre moi-même, ce que je fais et j’ose à nouveau l’affronter pour obtenir un café, ce qu’elle comprend très bien mais son job à elle était de rester à son comptoir pas de faire le boulot de sa collègue et puis quoi encore. Je parle de mine renfrognée mais j’exagère, en fait tout le monde si on y prête attention le fait un peu de bon matin. Vous croisez quelqu’un à l’hôtel, au camping, dans la rue, vous y aller d’un bonjour dans la langue du pays. Ça va de Hallå , hallo, allo, hi, hey ou gute, good, gut morgen, morgon, morning et comme on se sait jamais à qui on s’adresse, un vague « hham ; moômn » suffit ; personne ne sait ce qu’il dit mais tous comprennent. Le faire sans un petit geste de tête voire un sourire, et on a l’impression que vous êtes de mauvaise humeur. 

Sinon, les gens sont toujours aussi ouverts et prêts à rendre service, y a pas de soucis.  

Bon mais je ne sais plus de quoi je voulais parler et la soirée s’avance.


Ah mais oui, je suis arrivé à Hillegom, un peu en dessous de Harlem. Ça fait trois fois que je l’écris mais l’ordinateur ne le reconnait pas, je l’écris et à chaque fois…Hillegom !!! 

Enfin, pendant tout mon périple, et aujourd’hui encore, j’aurai pris un sacré polder !