Samedi grasse mat' ! 7h30, je me retrouve à petit-déjeuner avec des japonais, très calmes (je ne sais plus pourquoi j'avais opté pour cet hôtel, à cause du parking sécurisé pour la moto sans doute) ; en partant, c'est un groupe de Français, bien plus bruyants, qui s'installe. Un hôtel international dans la grande ville qu'est Bergen me semble un peu anachronique dans mon tableau. Je voulais de la nature, des espaces.

Et bien, j'en ai eu aujourd'hui ! 342 km parcourus en 7h, à travers des paysages vraiment impressionnants, sur une route qui ne connaît plus de ligne droite (et c'est tant mieux car à 80 km/h maxi, la somnolence guette le motard solitaire), elle emprunte des ponts, des tunnels qui montent et qui descendent, plus ou moins éclairés. D'ailleurs il est une impression étrange que de rouler seul dans ces tunnels, ça m'est arrivé à plusieurs reprises. Assez souvent je chante sous mon casque mais dans les tunnels, j'ai joué, selon leur longueur, à les traverser en apnée, pour échapper à l'air plus ou moins sain qu'on y respire. A ce propos, François, je ne sais si tu suis l'itinéraire sur la carte mais tu pourras proposer à tes élèves la question suivante : la vitesse dans ce tunnel de 1050 m était limitée à 70 km/h alors, ai-je pu le traverser sans respirer ? J'ai passé bien des cols et bien des vallées, j'ai pris un ferry dans l'attente duquel j'ai fait la connaissance de motards Danois qui faisaient également un périple dans le coin, ils ne connaissaient pas Angers, mais aimaient Toulon !? On a échangé nos cartes...routières seulement. Je me suis arrêté au bord d'un fjord pour casser la croûte, voir la photo sur l'aquaculture ; j'ai dû m'arrêter en haut d'un col pour laisser traverser des chèvres, tout un troupeau qui paissait et passait ; j'ai commencé avec la combinaison parce qu'il pleuvait un peu et l'ai gardée en montagne parce qu'il faisait frisquet. En forêt, on voit surtout des sapins et encore bien des pins mais de plus en plus de bouleaux. Non, ce qui frappe dans cette montagne, verte et quasiment boisée de partout ce sont les cascades de toute taille, les torrents, les lacs et les fjords. L'eau est partout et le spectacle m'attarderait souvent si je pouvais m'y arrêter. Parfois une aire permet d'admirer le paysage, et alors que j'admirais donc, une voix me dit :"vous êtes d'Angers ?" : un couple du Maine et Loire qui passait une semaine de vacances (avion, voiture de location), un peu étonné tout de même que je le fasse à moto.

Je voulais de la nature, et ses odeurs, j'en ai eues, et pas seulement la sève des pins, les foins ont été faits presque partout et les agriculteurs en profitent pour étendre, asperger avec un brumisateur géant, le purin ou le lisier arrivé à maturité. Souvent la route passe à côté et l'odeur est très forte et non éphémère.

Bon mais le fait important, c'est le soleil. Je suis arrivé à Hjelle, un tout petit village magnifique, perdu au bout d'un fjord, un accueil souriant, un calme incroyable, une nourriture fraîche cuisinée sur place. Un havre de paix qui m'a tiré les larmes aux yeux. Je savais qu'un tel coin devait exister et je sais pourquoi je suis venu. Parce que c'était Hjelle parce que c'était moi, pour parodier Montaigne. Voir les photos.

Je ne relis pas mais faîtes-le si le coeur vous en dit. Tiens, un coucou chante !

Bon dimanche et bonne fête les papas.