Bonjour, il est 5 h, j'en profite pour ajouter deux choses à la journée d'hier. Avant de monter vers Trollstigen, et après le passage d'un fjord en ferry, j'ai trouvé une vallée en U où le bas n'était que des champs de fraises, des hectares et des hectares, certaines commençaient juste à être en fleur. Une terre sombre et riche. Il y avait aussi des vergers, en passant je n'ai pas pu distinguer le pommier du poirier mais c'était un de ceux-là. Peut-être que les parois de cette vallée créent un climat propice en retenant davantage la chaleur. Mon second oubli, mais il doit y en avoir plein d'autres, c'est en arrivant et en marchant, j'ai traversé un bois (celui de la biche ?) où j'ai vu des boutons d'or, des fleurs d'angélique, des étamines de pissenlit prêtes à s'envoler et également un lilas dont les grappes de fleurs exhalaient les beaux jours. Donc quand même un mois à un mois et demi d'écart avec notre Anjou. Voilà, à la douche, si je peux partir plus tôt ce serait bien, l'étape est plutôt longue.


Terminée cette étape, 403 km mais 9h et 15min. J'ai passé deux jours heureux comme tout dans la montagne, il me faut abattre des km pour rejoindre le Nord. En 2h, je n'ai fait que 85 km : la pluie oblige à s'arrêter pour mettre l'équipement, un ferry à prendre, et une seule photo. Et puis après, les limitations de vitesse strictes fait qu'on s'endort dans une allure de sénateur. Pendant un long moment je suivais une file de voitures, qu'il m'était interdit de doubler, et bien même à moto, j'ai failli m'endormir ! Je me suis arrêté sur une aire marquée d'un petit sapin et d'une table où il n'y avait ni table, ni banc, ni toilettes, ni sapin. J'ai coincé comme j'ai pu la moto et me suis couché sur le réservoir, les fesses sur la selle, pour fermer l'oeil quelques minutes.

Sinon le paysage a changé, les montagnes sont derrière moi, je longe un long bras de mer, les gens qui vivent là m'ont l'air particulièrement sereins, une dame derrière sa baie vitrée est en train de boire une tasse de je ne sais quoi tout en lisant. Dans les jardins, les pelouses plutôt, ce ne sont que rhododendrons roses en fleurs et lilas de toutes les couleurs. Les champs de colza font de grands rectangles jaunes. Les boutons d'or à nouveau et les fleurs blanches des "carottes sauvages" dessinent un liseré aux routes que j'emprunte, mais les fougères ne sont pas en reste, et ce que je crois être des bruyères sont sans doute du lichen, il y a aussi des taches mauves et violettes ressemblant à celles des géraniums sauvages. Je n'ai pas le temps de m'arrêter pour vérifier. Je voudrais être à Trondheim pour midi, une visite et un repas, car ce soir étant en camping, je vais grignoter une bricole. C'est une belle et assez grande ville, je n'ai mis que quelques photos mais les maisons ont toutes un cachet, la ville a un charme indéniable. Et du monde partout, jeune et moins jeune, qui respire la joie de vivre ou tout au moins le bien-être. Faut dire qu'il ne pleuvait pas et que la température dépassait bien les 20°. Mais même quand il pleut comme tout à l'heure et que je croisais des enfants sur leur vélo, le sourire était là. Sur la seconde partie du parcours, j'ai choisi de quitter la route du Nord, la E6, elle longe le côté gauche d'un lac, j'ai donc pris le droit, pensant, à tort, qu'il aurait moins de circulation. Je savais qu'il y avait des pétroglyphes dans le coin et après une très petite balade en forêt, 500 m pas plus, on voit ce rocher dans lequel est gravé ce que beaucoup pensent être un renne et d'autres une biche. C'est grandeur nature, 1,80 m et date de 6 000 ans, comme quoi ce qui est gravé dans la pierre... Et puis, il me restait une trentaine de km ensuite pour arriver au camping ; la route s'est mise à monter un peu plus et à serpenter dans des forêts de sapins et de bouleaux, je ne vois plus les pins de l'autre jour ni les autre feuillus comme les frênes. J'ai pu me rendre compte, en haut d'une bosse, que cet endroit est entièrement boisé, la fameuse taïga sans doute (Bruno, Denis ... ?) et plus personne sur la route, une vingtaine de km de pur plaisir de conduite. Je suis arrivé au camping quand il s'est remis à pleuvoir, ça va ça vient. Je n'en bouge plus, il me faut bien récupérer car demain encore la route sera longue.

Je reviens demain.